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Du Latécoère 521 hier au A380 demain, la ligne France-Antilles témoigne de l'histoire de l'aviation et des évolutions de l'industrie aéronautique.
Le Latécoère 631 Photo © Aviafrance
Dans les années trente, un paquebot mettait douze jours pour relier les Antilles à la Métropole. Le 4 janvier 1935, l'hydravion Latécoère 521 "Lieutenant de vaisseau Paris" décolle de Biscarosse - près de Bordeaux - pour Fort-de-France via Dakar. Il amerrit en Martinique avec trente passagers à son bord. Il s'agit alors du premier véritable vol "commercial" à destination des Antilles.
Cette opération n'en reste pas moins exceptionnelle avant-guerre, Air France transatlantique préférant se concentrer sur la ligne Biscarosse-New York. En 1937, la Pan Am installe une escale à Fort-de-France et permet de gagner l'Europe en changeant trois fois d'avion. Le véritable lancement d'une ligne entre la France et les Antilles remonte au 25 juillet 1947. Le Latécoère 631 d'Air France assure la liaison tous les 14 jours.
Le "Laté 631" est alors le plus gros avion alors en service dans le monde, bien qu'il ne transporte que 46 passagers et 14 membres d'équipages. Il faut dire qu'on trouve à bord un vaste bar, un spacieux salon-fumoir, des cabines doubles ou quadruples toutes convertibles en couchettes et dotées de toilettes individuelles, sans oublier les deux salles à manger et la cuisine. On l'aura compris: le prix d'un tel voyage n'était pas à la porte du premier venu (on l'estime à près de 7 000 € d'aujourd'hui).
Caravelle
Petite précision: l'appareil parcourait les 8.000 kilomètres séparant Biscarosse de Fort-de-France en une trentaine d'heures! L'appareil volait alors en moyenne à 320 km/h et devait effectuer une escale technique à Port-Etienne en Mauritanie. En 1948, un Latécoère 631 en mission aux Antilles s'abîme en mer.
Air France décide alors d'accélérer le renouvellement de sa flotte et met en place des quadrimoteurs Lockheed (Constellation, Super Constellation, Super Starliner) sur toutes ses destinations long-courriers, dont les Antilles.
La compagnie française profite de l'ouverture en 1950 d'un aéroport au Raizet, en Guadeloupe, suivie peu après par l'inauguration de l'aéroport du Lamentin. Cette année-là, son premier Constellation relie Pointe-à-Pitre à Paris via New York, puis via Lisbonne et Saint-Marie des Açores, en dix-sept heures….
La révolution des avions à réaction (Caravelle, Boeing 707) allait bien sûr renforcer la desserte des Antilles françaises, avec une offre en siège largement supérieure et une vitesse double (750 km au lieu des 450 des quadrimoteurs).
Bien entendu, l'arrivée d'une nouvelle génération d'appareil dans les années 70 (Airbus et surtout Boeing avec son B747) allaient augmenter encore sensiblement la capacité des avions, et diminuer ainsi le coût au siège sur les destinations long-courrier dont les Antilles.
Le tourisme sous le soleil antillais prend alors un essor spectaculaire. Avec comme slogan la démocratisation du voyage, Nouvelles Frontières devient dans les années quatre-vingt un concurrent redoutable d'Air France sur les Antilles françaises.
L'année 2007 se caractérise par un nouveau tournant depuis le véritable lancement de la ligne en 1947. Air France a décidé de miser à la fois sur la capacité et le confort, ceci avec la mise en place de ses nouveaux B777.
Air Caraïbes associé à Air Austral annonce désormais l'acquisition du nouveau gros-porteur A 380 d'ici 2012 pour opérer des dessertes entre la métropole et pour le premier les Antilles et le second la Réunion. Des vols qui transporteront à chaque fois quelque 800 passagers. Le temps du Latécoère 521 et de ses trente passagers paraît bien loin.
© oopartir - 2008
En savoir plus
Les amoureux des hydravions peuvent se rendre au musée historique de l'hydraviation à Biscarosse, près de Bordeaux. C'est en effet dans cette ville que furent assemblés et essayés les hydravions Latécoère de 1930 à 1955. Ce musée relate ainsi l'histoire de l'hydraviation depuis les précurseurs jusqu'à l'époque contemporaine et ceci, dans tous les pays du monde.
Sont exposés des archives, souvenirs des grands pilotes et constructeurs, de nombreuses maquettes, photos, tableaux, uniformes, moteurs, hélices, pièces détachées, reconstitution de cabine, émetteur radio, etc… Sans oublier plusieurs hydravions authentiques, restaurés par le musée. Renseignements par téléphone au 05.58.78.00.65.
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