Après avoir parcouru le monde pendant plus de 5 années au total sur son vélo, il a relié à pied l'Egypte à l'Espagne.
Au Chili avec "Fidèle"
Philippe Jacq, éducateur sportif, conférencier, auteur et éditeur, est d'abord un aventurier. Après avoir parcouru le monde pendant plus de 5 années au total sur son vélo «Fidèle», ce libournais né en 1960 a troqué sa petite reine pour son chariot Ulysse et ses chaussures «Peace» et «Love» : sa «Marche pour la paix » l'a mené de l'Egypte à l'Espagne. Son vélo devrait reprendre du service en avril 2010 pour une nouvelle aventure de six mois, en France et en Europe.oopartir.com : Parlez-nous de votre dernier voyage à pied, pourquoi avoir abandonné la petite reine ? Dans le Sinai avec son chariot "Ulysse"
Philippe Jacq : Après avoir passé plus de cinq à parcourir le monde à vélo, je voulais découvrir d'autres sensations. Le résultat s'est révélé fantastique. C'était vraiment sympa de ne plus avoir à porter un gros sac à dos.
J'ai par contre tracté mon chariot «Ulysse» - j'aime bien nommer mes objets - de quarante kilos, ce qui était parfois un peu délicat en montée et surtout en descente. Mes chaussures «Peace» et «Love» m'ont accompagné sur 6 000 kilomètres, du Sinaï en Egypte jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne. Pour la première fois sur ce dernier voyage, j'ai réalisé un film, ce qui pose quelques problèmes quand on est seul et qu'on se filme soi-même.
Dans le désert du Sinaï
Vous préparez vos voyages dans les moindres détails ? P.J : En général je laisse une grande place à l'imprévu. Si je fixe l'itinéraire à l'avance, il peut toutefois changer au gré des rencontres. J'ai par ailleurs toujours utilisé le même vélo, que j'ai baptisé «Fidèle». Seule exception, mon voyage en Afrique de l'Ouest que j'ai parcouru pour des questions de discrétion avec un vélo acheté là-bas 8 euros, ce qui prouve au passage qu'on peut voyager avec très peu de moyens.
A quand remonte votre premier voyage ? P.J : Ma première expérience remonte à fin 1984. Le voyage à vélo était moins à la mode à l'époque. Ce fut un tour du monde qui dura 1003 jours exactement. J'ai réalisé à ce moment que le vélo permettait de combiner la notion d'effort physique avec la possibilité de voyager de manière écologique et d'entrer en contact avec les gens. Je me qualifie de voyageur à vitesse humaine.
En Islande
C'est à l'occasion de ce voyage que j'ai rencontré Mère Teresa, à Calcutta, où je m'étais arrêté quelques temps pour travailler bénévolement dans une léproserie. Une rencontre marquante. J'ai compris davantage encore à son contact la chance que j'avais d'avoir un passeport et les moyens de parcourir la terre.
J'ai travaillé en cours de route, trois mois chez un viticulteur français en Nouvelle-Zélande, puis quelque temps dans un restaurant français au Japon, le spécialiste du cassoulet à Tokyo.
Vous avez ensuite choisi de découvrir le monde continent par continent... P.J : En effet. Mon périple suivant, petit raid de trois mois, m'a mené en Afrique de l'Ouest. Je demandais l'hospitalité le soir au chef de village. L'accueil des populations est d'autant plus chaleureux que les gens apprécient votre effort physique, que vous soyez à pied ou à vélo. Il n'était pas rare que les enfants du village me poussent à l'arrivée.
Je suis partis ensuite plusieurs mois en Inde du Sud, escapade poncturée de séjours dans des ashrams. Un autre périple m'a permis en cinq mois de rejoindre le Cap Nord, en été, puis de redescendre par la Norvège. J'ai aussi fait un fabuleux tour de l'Islande. J'aime aller au bout des terres.
C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de me rendre jusqu'en Patagonie et d'atteindre Ushuaia au cours de mon dernier voyage en vélo. J'avais déjà emprunté la Panaméricaine, mais cet itinéraire visait surtout à traverser les parcs naturels. J'ai grimpé les Cordillères des Andes et atteint Cuzco, le Machu Picchu et la Bolivie, avant de redescendre vers le Chili.
Le vélo permet de s'acclimater progressivement à l'altitude. Les situations cocasses n'ont toutefois pas manquées. Ainsi, en Alaska, vu les traces d'ours à proximité de la tente, j'ai du suspendre mon ravitaillement dans les arbres.
Arrivée à Pékin
Vous vous souvenez avoir été particulièrement bien accueilli dans certains pays en particulier ? P.J : Je garde de bons souvenirs de tous les pays que j'ai traversé. J'ai davantage ressenti cette disposition à l'accueil pendant mon voyage à pied. Parfois dans des coins que je ne soupçonnais pas d'ailleurs, comme en Serbie. La rencontre des bédouins a aussi été formidable.
De voyageur solitaire, vous êtes devenu voyageur solidaire.... P.J : J'inscris mon message fraternel dans une démarche spirituelle universelle, d'ouverture sur toutes les religions. Mes conférences et la vente du livre servent par ailleurs à financer l'association Rayons de lumière que j'ai créée en 2005, et qui intervient pour l'instant dans la construction de maisons traditionnelles à Madagascar.
J'ai trouvé dans mes projets humanitaires une nouvelle forme de motivation. Je ne veux plus seulement découvrir le monde pour me faire plaisir.
Vous avez déjà arrêté des projets pour le futur ? P.J : Je reprends «Fidèle» et repars le 24 avril 2010 pour un projet de plus de 8 000 kilomètres, pour passer le cap des 100 000 kilomètres parcourus à vélo. Un premier parcours en Europe m'amènera probablement en Bulgarie. Suivra un périple assez particulier en France, l'itinéraire que je ferais avec « Fidèle » correspondra sur la carte au mot amour. L'anagramme du mot vélo n'est-il pas "love" ?
© oopartir 2009 - Propos recueillis par Vincent de Monicault
En savoir plus - Le site internet
www.chacunsaroute.com - Le DVD du film «Marche pour la paix» (52 minutes)
- Les livres à paraître : «Marche pour la paix» (parution début 2010), "Madagascar, carnet de voyage" (parution début 2010) et «100 000 bornes autour la terre» (parution début 2011)