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Reportage de voyage

Antoine et Célina, ou l’appel de la steppe

Antoine de Changy et Célina Antomarchi-Lamé, à peine mariés, sont partis pour un très long périple en Asie. Leur voyage durera 962 jours. Ils parcourront 20 000 kilomètres à vélo, traversant la Turquie, l'Iran, l'Asie Centrale et la Chine, avant de vivre une année dans une famille nomade en Mongolie.

Antoine de Changy : Tout a commencé par des mariages. Le premier m'a permis de rencontrer Célina. Le deuxième fut le nôtre. Nous avions auparavant voyagé tous les deux pendant une année, chacun de son côté, en Amérique du Sud, sans se connaître. On s'est rapidement retrouvé autour d'une envie commune de voyager.

Nous voulions toutefois trouver un autre mode de transport, plus lent. C'est là qu'est venue l'idée des vélos, pas du tout parce que nous sommes des amateurs mais parce qu'il permet de rencontrer des gens, de s'arrêter facilement.

A l'époque j'étais consultant en finance et Célina DRH. On a mis de côté les moyens nécessaires au voyage. On a ensuite conçu un tracé. Célina voulait aller en Iran et moi en Mongolie. Mais nous ne songions pas alors à nous arrêter dans un endroit au cours du voyage. On est vraiment partis en se laissant porter. Nous n'avions pas d'itinéraires précis. Nous possédions seulement nos billets d'avion pour Istanbul, et disposions d'un visa iranien en poche.

Votre voyage en vélo a démarré à Istanbul...

A.C : Nous avons en effet récupéré nos vélos à Istanbul, et y avons installé nos sacoches. Nous sommes partis en septembre 2003. Notre voyage a duré trente-quatre mois. Nous n'avions pas de programme préétabli. Notre route nous a mené en vélo jusqu'en Mongolie, puis au retour jusqu'en Thaïlande.

Un grand tour de l'Iran nous a permis de réaliser à quel point ce pays véhicule à tort de mauvais clichés. On a rapidement mis le cap sur le Golfe Persique, dès décembre, quand il a commencé à faire froid, histoire de trouver un printemps au mois de février. Nous avons visité ensuite le Turkménistan, l'Ouzbékistan, le Kirghizstan, puis la Chine que nous avons traversé en partie en train.

On a repris le vélo à Pékin pour Oulan Bator, et nous nous sommes rendu à la frontière entre la Chine et la Russie, à l'extrême ouest de la Mongolie, à Olgii, au cœur de l'Altaï, dans une région aride peuplée de kazakhs, où les plaines sont situées entre 2 000 et 2 500 mètres.


C'est là que vous avez rencontré Arkhat et sa femme ?

A.C : On les a rencontré à la fin du mois d'août, et vécu avec eux d'octobre à mai, d'abord dans une isba, là où ils vivent en hiver, puis dans la yourte où ils s'installent au printemps, en été et automne. Il y avait trois familles dans le campement où vivaient Arkhat, sa femme et leurs trois enfants.

Les habitants de cette région sont éleveurs de chèvres et vivent essentiellement du cachemire. Je partais garder les animaux avec Arkhat. Célina, elle, vivait davantage avec sa femme.

On a souvent une vision idyllique de cette région car on s'y rend en été et on y voit les troupeaux paître dans de vastes prairies. Or les températures y sont négatives pendant les huit mois d'hiver. Et elles descendent jusqu'à - 40 -45° en janvier. On rentre alors dans une phase de résistance. C'est à ce moment-là que le travail du berger est le plus important. Les animaux ont tellement froids qu'ils ne sortent plus pour se nourrir.

Qu'avez-vous ressenti de fort au cours de cette expérience ?

A.C : Ce qui m'a fasciné, c'est cette quasi-permanente situation d'urgence, même si elle est plus marquée en hiver. Tout ce qu'on fait doit être bien fait, au risque de perdre des animaux, ce qui est dramatique. Tout est essentiel là-bas, il n'y a pas de superflu.

Les sociétés sont traditionnelles. Les relations humaines sont structurées autour de la famille élargie. La place de chacun est déterminée selon son rang de naissance et son sexe. Un ainé a toujours l'avantage sur ses frères. Les femmes s'occupent de l'intérieur de la maison ; elles vont aussi chercher l'eau et doivent parfois casser de la glace ou ramener de la neige.

Quel fut l'accueil, le regard qu'ils portaient sur vous ?

A.C : Le fait d'apprendre la langue kazakh a beaucoup aidé. Les gens sont très curieux. Notre choix de rester était aussi liée à leur volonté de mieux nous connaître. Nous n'avions pas du tout prévu de rester un an. Mais nous avons véçu une grande histoire d'amitié avec Arkhat et sa femme. On avait le même humour.

Ils n'ont pas de clichés sur nous mais de grands points d'interrogation. Il n'y a jamais de jugement de leur part, par exemple sur la place de l'argent dans notre société occidentale. Ils se posent en revanche beaucoup de questions sur notre mode de vie en France. Certaines règles de vie les étonnent, comme par exemple laisser passer les femmes d'abord. C'était peu évident là-bas, vu la situation d'invités et le statut de l'homme.

L'aventure d'Antoine et Célina
est racontée dans le livre
L’Appel de la Steppe (Edition
Presses de la Renaissance).

La vie sur place vous a paru dure...

A.C : Dans les campagnes, ils vivent isolés pendant tout l'hiver. En été par contre, les campements sont un peu plus proches les uns des autres. Vu les distances, tomber malade pose problème dans les campagnes.

J'y suis retourné trois fois depuis ce séjour. Leur niveau de vie reste très modeste mais leur confort s'améliore. Aujourd'hui, toutes les yourtes sont équipées de panneaux solaires. On y trouve la télévision. Certains d'entre eux possèdent des motos. Par contre ils ne veulent pas que leurs enfants soient éleveurs comme eux.

Nous sommes restés quinze mois en Mongolie, dont quatre en parcourant le pays. On a finalement retraversé la Chine, toujours en vélo, et terminé notre périple en Thaïlande, dans les camps de karens à la frontière de la Birmanie. C'est en quittant la Mongolie que nous avons eu envie d'écrire ce livre, de raconter cette belle expérience.

© oopartir 2008 - Propos recueillis par Vincent de Monicault

 

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Plus d'infos sur le site www.phileasfrogs.com

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