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Pierre Brouwers est un pionnier dans son domaine. Créateur des Vidéo Guides Hachette puis des DVD Guides, travaillant régulièrement pour la télé avec sa collection de films documentaires «Découvrir le monde», il sillonne la planète depuis 1970, animé par la double passion du voyage et du cinéma de reportage.
Oopartir : D'où vous vient votre passion pour le voyage ?
Pierre Brouwers : Je suis né à Liège et je me sentais un peu claustrophobe en Belgique, avec toutes les frontières alentours. J'ai voyagé en stop en Europe dès l'âge de 16 ans. Rapidement, avec deux amis, on s'est mis à préparer un voyage en Inde. Un copain mécanicien nous a créé de toute pièce un véhicule tout terrain. On a pu financer notre périple par des sponsors.
A 20 ans, en 1970, nous sommes partis pour cette expédition de trois mois. On a rencontré tous les problèmes possibles et imaginables. On a du laisser le véhicule à Téhéran. Nous avons terminé notre voyage à Agra, devant le Taj Mahal, avant de reprendre le chemin inverse, également par la route ; il est vrai que l'avion était alors inaccessible.
Oopartir : Vous avez débuté par la photo...
Pierre Brouwers : J'ai ramené beaucoup de photos du voyage. Cela m'a permis de réaliser un diaporama d'une heure trente, qui s'appelait «25 000 kilomètres sur les chemins de Katmandou», un véritable spectacle que j'ai présenté pendant des années dans des écoles, centres culturels et dans des tournées de conférences.
Comme mon diaporama sur l'Inde était apprécié, j'en ai réalisé un autre dans le cadre de mon école de journalisme, une traversée des Etats-Unis, toujours sur la base des diapos, lesquelles se succédaient à une cadence très rapide. J'ai rajouté de nouvelles destinations - l'Australie, San Francisco, New-York et Los Angeles - et ces spectacles ont vraiment rencontré leurs publics dans les années soixante-dix, à Paris et bientôt dans toute la France.
Le problème de ce média, c'était la distribution. Notre structure était également un peu lourde : nous avions besoin de l'appareillage technique bien spécifique du diaporama, il nous fallait aussi coller des affiches pour attirer les visiteurs.
Oopartir : La photo a bientôt laissé place à la vidéo...
Pierre Brouwers : Dès 15 ans, je voulais faire du cinéma de reportage. Faute de moyens, je suis passé par la photo et le diaporama. Pendant mes études, j'ai commencé à réaliser des reportages en 16mm et déjà en vidéo.
Au début des années quatre-vingt, alors que la télé restait un milieu hermétique, le développement de la vidéo en faisait un support naturel pour distribuer mes films. J'ai proposé l'idée de Vidéos Guides Bleus à Hachette. On s'est entendu pour que je trouve des sponsors à même de financer les films, l'éditeur se chargeant de la distribution. En 1987 sont sortis les deux premiers films, dont l'un, «Les Iles françaises du Pacifique», a très bien marché.
Depuis la fin des années quatre-vingt, on s'est donc retrouvé seuls sur ce marché en croissance. D'autres ont bien voulu s'y frotter, tels Vidéo Evasion et Michelin, sans succès. Nous avons ensuite commencé à vendre des films à la télévision.
Aujourd'hui, ce média représente plus de la moitié de notre chiffre d'affaires, notamment avec les chaînes Voyage et surtout France 5. La vidéo a en effet décliné en importance avec l'arrivée des chaînes thématiques et d'internet. En 2000 j'ai réorganisé l'activité pour alléger la structure. Notre société Media 9 est désormais le producteur et TF1 Vidéo l'éditeur.
Oopartir : Comment voyez-vous l'avenir de votre métier ?
Pierre Brouwers : Le DVD n'aura pas la carrière de la VHS. Son avenir passe plutôt par des produits composites tel notre édition prestige qui comprend aujourd'hui une vingtaine de titres. Un coffret original intègre deux DVD, un CD Rom et un guide pratique.
Notre futur passe forcément par internet et la Video On Demand. La nouvelle version de notre site decouvrir-le-monde.com, en ligne probablement en septembre 2008, intégrera ainsi l'accès VOD. Côté télévision, on a déjà atteint un certain seuil avec aujourd'hui en France une vingtaine de chaînes qui traitent de découverte. La croissance passera plutôt par l'étranger.
Pierre Brouwers : Nous allons combler nos lacunes sur l'Est de l'Europe, à commencer par la Pologne. Il faut aussi reconnaître que nous ne sommes pas focalisés sur les destinations du grand tourisme. Certain pays hors des sentiers battus comme le Nicaragua intéressent la télévision mais se vendent mal en DVD. Globalement, les destinations qui marchent le mieux sont la Réunion, Tahiti, les Etats-Unis Côte Ouest et le Canada.
Oopartir : Que trouve-t-on dans vos vidéos guides ?
Pierre Brouwers : Des premiers Vidéos Guides Bleus aux DVD Guides ont été rajoutés au film un guide pratique imprimé et le système de «chapitrage». Je réfute toutefois l'appellation de guide car je réalise des documentaires de découverte. D'où le nom des films depuis que je travaille à la télévision, «Découvrir le monde».
Oopartir : Quelle est l'approche de vos films ?
Pierre Brouwers : J'essaye, depuis le début, de dresser le portrait d'un pays d'un façon à la fois personnelle et la plus exhaustive possible. Pour rendre cette vision fidèle de la destination, il faut y intégrer des aspects géographiques, historiques, économiques, y ajouter des éléments de la vie quotidienne et des aspects propres aux pays tels les médecins volants en Australie.
Je refuse d'être associé à des films touristiques. Je m'adresse autant aux gens qui rêvent d'un pays qu'à ceux qui veulent s'y rendre. Le film peut aussi avoir un rôle de déclencheur de voyage. Je vise plutôt le public de Géo. J'entends montrer aussi la réalité sociale. Il n'est pas concevable pour moi de traiter Rio sans avoir une séquence sur les favelas.Pierre Brouwers : Ceux qui ont vu mes premiers diaporamas soulignent une constante de mes films, le rythme, l'importance du nombre d'images. Aujourd'hui, mes films de 52 minutes comportent entre 1200 et 1 400 plans, ce qui est beaucoup. Je me donne aussi les moyens de filmer dans les meilleures conditions. Les contraintes météo sont importantes. Ainsi, j'ai abrégé un reportage en Islande à cause du mauvais temps. J'ai aussi rapidement intégré des vues aériennes, dès 1985, l'année où j'ai appris à piloter un avion. Mon travail sur l'image est en revanche moins classique aujourd'hui. Je m'efforce désormais pour chaque plan de rechercher l'originalité.
Oopartir : Comment réalisez-vous vos films ?
Pierre Brouwers : L'équipe sur le terrain est légère, nous partons à deux. Nous restons en moyenne trois semaines sur place, et effectuons souvent un second déplacement, pour couvrir une autre saison ou un événement culturel majeur. La préparation du déplacement est importante et le montage prend plus de temps que le voyage lui-même.
Oopartir : Comment percevez-vous le développement du voyage ?
Pierre Brouwers : Je n'aime pas du tout le phénomène de tourisme de masse. Cela dénature les destinations. Il faut le confiner sur certains lieux. Je pense néanmoins qu'il faut inviter les gens à voyager, cela permet de mieux se connaître et ainsi d'éviter bien des conflits. En plus, c'est moins cher et plus facile qu'autrefois.
© oopartir 2008 - Propos recueillis par Vincent de Monicault
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