Reportage de voyage
Sud-algérien : voyage en pays touareg, du Tassili n'Ajjer à la Tadrart
Le désert sud-algérien est l'un des plus beaux au monde. La région de Djanet notamment, du Tassili n'Ajjer à la Tadrart, est connue pour ses paysages superbes tout autant que pour l'art rupestre datant du néolithique. Un lieu exceptionnel pour un voyage à pied ou une méharée, à la découverte du pays des Touaregs, les «hommes bleus».
Djanet borde le plateau escarpé du Tassili n'Ajjer. La base de départ des randonnées dans cette région est un agréable petit village assoupi au cœur d'une palmeraie, parsemé de bâtisses blanches aux portes bleues, un bourg tranquille où l'animation se concentre aux terrasses de ses deux cafés.
Les voyageurs y passent peu de temps. A peine débarqués de l'avion, les randonneurs partent en effet pour leur premier bivouac. Pas besoin d'aller très loin : plusieurs sites superbes sont situés non loin de Djanet.
Notre premier campement est installé dans l'
erg Admer, à une demi-heure de route au sud de Djanet, non loin du site de Tagharghart célèbre pour l'une de ses gravures, La vache qui pleure, vieille parait-il de plus de 10 000 ans.
Plus de 15 000 gravures et bas-reliefs datant du néolithique
Le
parc national du Tassili n'Ajjer abriterait plus de 15 000 gravures et bas-reliefs datant de 6 000 à 12 000 ans. Un magnifique musée en plein air. On y admire une étonnante concentration de reproductions de silhouettes humaines et d'animaux de la faune africaine - girafes, éléphants.... - qui vivaient à cette époque sous ces latitudes.
Notre premier bivouac nous permet d'appréhender tous les charmes d'une randonnée dans le désert. Le paysage alentours est magnifique, ponctué de dunes et de roches. Nos accompagnateurs touaregs, leurs têtes enturbannées dans leurs chèches indigo, le regard franc et le verbe rare, allument un feu et préparent le repas.
La Tadrart, l'une des plus beaux massifs du Sahara
Gravures rupestres
Convivialité et bonne humeur s'invitent naturellement à l'heure du thé à la menthe. Premier dîner à la lumière des bougies et des frontales. Première nuit à la belle étoile (pas si fraîche qu'on pouvait le craindre). La magie opère : l'astre lunaire éclaire des formes tourmentées et dessine des lignes fantasmagoriques.
Nous partons le lendemain par
la Tadrart, massif considéré à juste titre comme l'un des plus beau par beaucoup de «sahariens». De surprenants reliefs de grès, paysages évoquant par endroit l'Ouest américain, ponctuent les six heures de route puis de piste nécessaire pour rejoindre notre bivouac.
Canyon aux murailles infinies
Paysage de la Tadrart
Nous voilà dans les grandes dunes dorées de
Tin Merzouga, à près de 300 kilomètres au sud de Djanet. Le site est enchanteur. Randonner ici au pied de ce cordon de dunes, dans les reliefs gréseux parés de sable, est un moment magique, admirer le coucher de soleil au sommet des plus hautes dunes (250 mètres) un instant inoubliable.
Nous repartons le lendemain pour Djanet et remontons l'
oued d'Inn Djarenn. Les murailles infinies du canyon protègent une prodigieuse concentration de peintures rupestres (classées au patrimoine mondial de l'Unesco) ; la qualité artistique des dessins laisse rêveur.
De la guelta d'Essendilène à l'arche de Tikoubaouine
Touaregs dans le massif de la Tadrart
A l'heure du déjeuner, il fait presque trop frais à l'ombre de l'acacia. Le soleil est peu ardent ces jours d'hiver dans le désert. Surprise pendant la nuit, quelques gouttes de pluie s'invitent dans la partie.
Le jour suivant, nous mettons le cap au nord. Nous traversons à pied les magnifiques
dunes de Tisras, non loin de Djanet. C'est au pied des falaises de grès que nous retrouvons notre caravane de chameaux et l'équipe de chameliers. Le temps de nous habituer à la Tarik, la fameuse selle Touareg ornée de la croix du sud, et nous partons pour une méharée (randonnée chamelière).
Tikoubaouine
Notre destination,
Essendilène, site cher à l'écrivain-explorateur Roger Frison-Roche, situé à une soixantaine de kilomètres au nord de Djanet. Une belle guelta (résurgence d'eau) nous attend après une marche au fond d'un vaste canyon, le long d'un oued (cours d'eau) asséché, véritable labyrinthe de roches, de tamaris et lauriers rose.
Notre itinéraire nous mène ensuite à l'emblématique arche de
Tikoubaouine ouvrant sur un magnifique paysage de falaises et de dunes. Nos hôtes nous feront l'honneur d'un méchoui le dernier soir. Instants d'émotion et d'amitiés. Le décalage avec la réalité quotidienne est à son comble. Apparaît alors l'appréhension du retour.
© oopartir - 2012 - Texte et photos : Vincent de Monicault
- Ce reportage a été réalisé avec l'aimable participation du voyagiste Allibert
(allibert-trekking.com)
Comment s'y rendreLes liaisons charter relient la France et l'Algérie en hiver, de novembre à avril. Le voyagiste Le Point Afrique affrète la compagnie Airmed sur Paris-Djanet et Paris-Tamanrasset (avec parfois des escales à Marseille) et Europ Airpost sur Marseille-Djanet. L'agence Synairtour la compagnie Aigle Azur également sur Paris-Djanet et Paris-Tamanrasset. Air Algérie propose pour sa part des vols sur Djanet via Alger.
Quand s'y rendre La meilleure période s'étend de novembre à avril (la période pendant laquelle sont assurés des vols directs entre la France et le sud algérien). Il fait en effet très chaud en dehors de cette période. En hiver, les températures sont agréables dans la journée ; les soirées et les nuits en revanche sont fraîches : il est recommandé de prévoir un sac de couchage chaud (type -10/-15). Emporter aussi une doudoune ou un anorak de ski.
SécuritéSur son espace Conseils aux Voyageurs, le Quai d'Orsay situe aujourd'hui la menace terroriste dans le quart Nord-Est de l'Algérie (Kabylie, Massif des Aurès, extrême Nord-Est). Dans le grand Sud (Tamanrasset, Djanet, Timimoun), le recours à une agence de voyage agréée est toutefois obligatoire.