Reportage de voyage
Al Ula, l’oasis chic de l'Arabie Saoudite
En s’ouvrant au tourisme (les visas électroniques sont disponibles depuis septembre 2019), l’Arabie Saoudite change son fusil d’épaule et dévoile des sites archéologiques méconnus et des paysages grandioses. Un voyage d’exception à faire avant que le tourisme de masse ne débarque…
Sur les traces d'une expo de land art en plein désert
Grande comme la Belgique, la région d’Al Ula située au Nord-Ouest de l’Arabie Saoudite se mérite… Après six heures de vol de Paris jusqu’à Riyad puis 1h30 de vol vers l’aéroport d’Al Ula, il est temps de se plonger au coeur du désert.
Dès les premiers kilometres des rochers aux formes majestueuses encadrent la route. Des camaïeux de grès et de basalte se succèdent au milieu d’une plaine désertique. En s’éloignant de la route principale on imagine les caravanes d’encens et d’épices parcourant la vallée comme il y a plus de sept siècles.
Le paysage devient totalement sauvage. Les rares constructions disparaissent pour laisser place au sable, aux rochers et aux palmiers. On en oublierait presque les lois islamiques qui progressivement s’assouplissent en Arabie Saoudite. Désormais, les femmes étrangères ne sont pas obligées de porter ni le voile ni l’abaya (long manteau).
Un jardin en plein désert
Éléphant Roc se pare de belles lumière dès la tombée de la nuit
L’oasis dans laquelle se reposait jadis les Nabatéens avant de rejoindre Pétra est à nos pieds. Des haltes verdoyantes constellées de puits qui aujourd’hui se sont transformées en fermes lucratives.
En franchissant la porte de la ferme de Ponkan on pénètre dans un véritable jardin d’eden émaillé de citronniers, d’orangers, de pamplemoussiers, de litchies, d’avocatiers… Des chameaux sagement parqués cotoient paons et dindons.
L’image du désert aride au beau milieu de l’Arabie Saoudite disparaît lorsqu’on découvre des dizaines de champs de céréales aux formes circulaires arrosés par de gigantesques perche rotatives. Les visites sont bien huilées et la dégustation d’agrumes après la cueillette est au programme.
Après une heure de visite il est temps de profiter d’une pause rafraîchissante sur la terrasse d’un bar éphémère au milieu des vergers et de déguster des galettes gorgées de confiture de datte. De délicieuses effluves envahissent les champs.
Un site archéologique exceptionnel
Avant l’exposition de l’Institut du Monde Arabe à Paris, personne ne connaissait Al Ula et son site de Hégra, petite soeur de Pétra. Datant du premier siècle avant notre ère c’est le premier site Saoudien à avoir été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, en 2008.
Après de longues années de fermeture Hégra ouvrira ses portes à l’automne. En guise d’entrée, la gare de chemin de fer reliant Damas à Médine mise en service par les Ottomans et attaquée par Lawrence d’Arabie. La visite commence par les “Girls mountains”, deux tombes impressionnantes sculptées dans la pierre.
Hégra
La guide raconte que ce sont de riches Nabatéens qui ont été enterrés dans ces montagnes de grès. Sur la façade rougeoyante une tête de méduse est gravée. Celle-ci aurait le pouvoir le transformer en pierre celui qui s’avise à la regarder...Une façon de protéger les tombes des voleurs. Plus de 131 tombes et 2500 fosses ont été découvertes sur un site qui compte presque 55 hectares.
Actuellement cinq sites phares se visitent: le
tombeau du fils de Kuza le plus impressionnant, la tombe d’Hinat, les dunes de Jabal Alahmar et Albanat, la maison de Diwan et les fameuses Girls mountains. Une campagne de fouille menée par des français dans le cadre d’une coopération avec l’Arabie Saoudite devrait réveler d’autres trésors...
Un projet pharaonique
Magnifique Maraya Concert Hall dont les parois reflètent les montagnes
Al-Ula et sa région font partie du programme “Vision 2030” lancé par le prince héritier. Dans ce splendide désert traversé par une riche vallée fertile il est question de créer six musées, de restaurer la vieille ville d’Al-Ula, d’installer des résidences d’artistes et de bâtir plusieurs hôtels Aman Resorts et un hôtel troglodyte signé Jean Nouvel.
Emblème de ce programme touristique hors du commun: le “Maraya Concert hall”. Un magnifique cube recouvert de miroirs refletant les blocs de grès au milieu du désert tout autour. Un jeux d’illusion qui se prolonge directement à l’intérieur de la salle de spectacle. Sur la scène, les montagnes éclairées font office de toile de fond. Impressionnant!
Des activités réservées aux “Happy Few”
Restaurant éphémère dans le désert
Depuis deux ans le festival “Winter at Tandora” accueille chaque hiver (entre octobre et mars du fait du climat moins chaud) une série d’événements qui permet de découvrir la région sous un angle touristique et festif. C’est l’occasion de tester la carte de nouveaux
restaurants éphémères nichés dans des lieux d’exceptions, au fond d’une gorge ou d’un canyon.
Chaque événement est nommé “expérience”. Parfois insolites comme cette exposition de land art en plein désert (Désert X était l’invité du dernier festival) ou cet “happy hour” face à l'Éléphant Roc, un rocher zoomorphe de plus de 50 mètres de hauteur éclairé par un jeux de lumières époustouflant, ces expériences ont le don de nous faire rêver.
Aux pieds du bloc monolithe des fauteuils, un foodtruck et des tables éclairées de lanternes permettent de profiter du spectacle lumineux tout en sirotant un cocktail sans alcool (la consommation d’alcool étant interdite en Arabie Saoudite). Côté luxe, des vols de montgolfières et des survols du site de Hégra en avion à hélices permettent de prendre de la hauteur...
Le plus extraordinaire reste sans doute les randonnées à cheval dans les vastes vallées désertiques ourlées de grès et de montagnes de basalte. Un cadre à couper le souffle! Pour se loger, cinq hôtels (on attend avec impatience les prochains hôtels du groupe Aman Resorts) improvisés dans des tentes plantées au fond d’une gorge et des “Airstream” (Mobile home de luxe) dissimulés dans les contreforts d’une montagne éclairés à la lueurs de bougies.
© oopartir.com 2020 - texte Barbara Divry, photos Barbara Divry et DR
Canyon camp, 10 caravanes de luxe au milieu du desert
Pour rejoindre Al-Ula avant que l’aéroport ne deviennent un hub avec accès direct aux capitales mondiales il faut passer soit par Riyad soit par Jeddah. Compter entre 1 heure et 1h30 de vol avec la compagnie Saudia Airlines
Comment organiser son voyage Plusieurs agences implantées en Arabie Saoudite organisent les séjours pendant le festival “Winter at Tandora”, la meilleure formule actuellement du fait du manque d’infrastructures tout au long de l’année et du climat caniculaire à partir du mois de mai (compter entre 8000 et 20000 € pour 4 jours par personne avec l’agence recommandée par le festival). Trois formules sont disponibles: diamond, platinum et gold
www. experiencealula.com.
Où dormir Les hôtels Shaden et Sahari Resort sont ouverts toute l’année
