Reportage de voyage
Crète, l'île des Dieux
Sur la plus grande des îles grecques, la douceur de vie est toute méditerranéenne. S'il séduit d'abord les amateurs de tourisme balnéaire, son littoral abrite aussi de belles cités portuaires, pleine de charme et d'indolence. Sans oublier les sites de la civilisation minoenne, l'une des plus anciennes au monde.
plage Matala près d'Heraklion
En Crète, les descendants de Zeus n'ont guère mis d'eau dans leur raki. L'île, grande comme la Corse, reste méditerranéenne en diable.
Et le chant des cigales anime les plaines plantées de vignes et d'oliviers. Elle a beau être une destination touristique majeure, sa population demeure très attachée à ses traditions.
Dans ses petits ports comme dans les villages authentiques de l'intérieur, la vie sociale s'organise autour du Kafeneion, le café où des petits vieux à moustache se retrouvent autour d'un raki - une eau de vie sans anis - ou un "café grecque".
On y joue sur les terrasses au tavli (le backgammon local), la cigarette dans une main et le komboloï (un chapelet de perles) dans l'autre.
vieille femme à Rethymnon
De vieilles femmes toutes de noir vêtues y sociabilisent autour de l'église - la religion orthodoxe est très vivace - à l'heure de la volta, la promenade du soir.
C'est dans les vieux quartiers de ses "grands" ports, Héraklion, Hania (La Canée) et Réthymnon (Réthimno), que l'on saisit la richesse des apports extérieurs, même si l'histoire de l'île raconte aussi la dureté de la répression dont fut victime la population crétoise pendant les occupations vénitienne et surtout ottomane.
Port de Héraklion
Héraklion est loin d'être dénuée de charme. La capitale et plus grande ville de Crète surprend par son atmosphère, vivante et animée, entre la fontaine Morosini et la ravissante loggia (aujourd'hui salle municipale), témoignages de l'âge d'or de l'époque vénitienne. A deux pas de là, dans le dédalle de ruelles étroites du quartier d'Odos Koraï, les bars branchés rivalisent dans leur déco contemporaine.
Knossos
Son port avec le fort vénitien et sa longue jetée, invite à la flânerie. La ville possède en outre des musées intéressants, notamment le musée historique et ethnologique, et surtout le musée archéologique, une passionnante introduction avant d'aller visiter le site tout proche de Knossos.
Knossos est situé à 5 kilomètres de Héraklion. Le site peut décevoir sans un sérieux effort d'imagination. La civilisation minoenne a, il est vrai, connue son apogée de 1700 à 1450 avant Jésus-Christ. Dommage, les parties reconstruites l'ont souvent été de manière grossière.
Agios Nikolaos
Plus intéressant peut être, et surtout moins "rénové", le Palais de
Malia, sur la route d'Agios Nikolaos, sur la côte nord-est de l'île, est un autre exemple du haut degré de civilisation des Minoens.
Agios Nikolaos (Haghios Nikolaos) est connue comme la "saint-trop" crétoise. Un charmant petit port très touristique, avec son petit lac intérieur et ses rues en pente. Une idée d'excursion ? La petite église de Panagia Kéra, à une dizaine de kilomètres d'Agios Nikolaos, est connue pour ses magnifiques fresques.
Rethymnon
Agios Nikolaos est surtout une base idéale pour rayonner dans l'ouest de l'île, de Plaka à Mochlos, et jusqu'au monastère de
Moni Toplou sur la route de Vaï.
Cap ensuite au nord-ouest de l'île.
Réthymnon, à mi-chemin entre La Canée et Héraklion, est une autre jolie ville portuaire. On y trouve de ravissantes demeures vénitiennes et quelques maisons de style ottoman avec leurs kiosques en bois à l'étage qui s'avancent dans la rue.
Monastère d'Arkadi
Arkadi (Moni Arkadiou), à une vingtaine de kilomètres de Réthymnon, est le monastère le plus célèbre de Crète. Une magie se dégage du lieu, lorsqu'on pénètre dans une vaste cour ceinte par des murs austères, avec au centre une ravissante église flanquée de trois cloches, à l'architecture mélangeant harmonieusement baroque et Renaissance.
Un endroit d'autant plus émouvant qu'il fut le théâtre d'un épisode héroïque de la lutte pour l'indépendance de l'île : près d'un millier de personnes - femmes, enfants et vieillards surtout - préférèrent le suicide collectif plutôt que de tomber entre les mains des Ottomans.
Port d'Hania (La Canée)
Hania (La Canée) est peut-être la plus jolie ville de Crète. Les Vénitiens y bâtirent pendant plus de deux siècles des palais, églises et maisons richement décorées, les Ottomans se concentrant sur les édifices religieux.
Le dédalle de ruelles pittoresques de sa vieille ville (Topanas) bordent le charmant port vénitien ourlé de restaurants, lequel s'étire de la mosquée des Janissaires jusqu'au musée de la Marine.
Gorges de Samaria
La Crète est devenue ces dernières années une destination de randonnée importante. Surtout sa partie Ouest, la plus sauvage.
Elle recèle ainsi de magnifiques paysages, plaines d'oliviers, gorges et vallées profondes, petits ports de pêche et villages authentiques dans les terres.
Le plus célèbre itinéraire mène les randonneurs au sud, dans les
gorges de Samaria, les plus profondes d'Europe.
Une superbe randonnée d'une (longue) journée, assez sportive, menant jusqu'à la mer de Libye.
Ce passage de 16 kilomètres - parfois très escarpé - longe un torrent et passe à mi-chemin par le village de Samaria aujourd'hui abandonné.
Phaistos, au sud de l'île, a évité le syndrome Knossos. Peu rénové, l'ancien palais minoen est surtout situé sur un site magnifique, au sommet d'une colline dominant la plaine de la Messara. Un site vaste et moins fréquenté que Knossos, ce qui s'avère être un atout très appréciable en haute saison, comme tout visiteur s'en rend vite compte s'il se rend en Crète aux mois de juillet ou août. A bon entendeur...
© oopartir.com - 2014 - Texte et photos Vincent de Monicault (sauf gorges de Samaria et plage Matala,Y Skoulas)
Fontaine Morosini à Héraklion
Comment s'y rendreAegean Airlines et Transavia.com desservent la Crète depuis Paris, la première via Athènes (le plus souvent sans changement d'appareil) et la seconde sans escale.
Circuler sur placeEst-il recommandé de louer une voiture ? Il convient en effet d'apprécier les contraintes d'une location, son coût (certes assez limité), la grande difficulté de circuler en ville, la conduite souvent déstabilisante des locaux. Et parmi les avantages celui surtout de pouvoir s'arrêter quand on le souhaite. Le bus permet pour sa part d'apprécier la route, de vivre davantage au contact des populations, d'éviter une fatigue inutile. Et les grands axes notamment sont très bien desservis. Pour info, il faut environ 1h30 en bus pour se rendre de La Canée à Réthimnon, et la même durée de Réthimnon à Héraklion et de cette dernière à Agios (Haghios) Nikolaos.
Quand y aller La Crète, faut-il le préciser, est une destination très touristique. On ne saurait trop recommander de s'y rendre au printemps, d'avril - les températures y sont déjà très agréables mais le temps parfois capricieux - à mi-juin, et de la mi-septembre à fin octobre. Les deux mois d'été - juillet et août - cumulent les handicaps : la chaleur (même si le vent la rend plus supportable que sur le continent), la densité touristique, les prix qui grimpent. Hors haute saison (et nous ne parlons pas de l'hiver où l'économie touristique fonctionne au ralenti) il faut toutefois noter certains inconvénients : des heures d'ouvertures des musées réduites, des fréquences de bus limitées, de nombreux commerces et restaurants encore fermés. Mais ces inconvénients sont sans commune mesure avec les avantages d'un voyage hors haute saison touristique.
Où dormirA Heraklion, le Lena Hotel et le Kronos Hotel, tous deux situés près du port. A Agios Nikolaos, le Creta Hotel est bien placé et offre un bon rapport qualité-prix. On y apprécie aussi la gentillesse de sa proprio québécoise Bernadette.
Où mangerEn Crète plus qu'ailleurs peut-être, il est recommandé de bien s'informer avant de pousser la porte d'un restaurant, on y cotoie en effet le meilleur et le pire, et le prix n'a souvent rien à voir à l'affaire. Parmi nos coups de cœur, dans une gamme de prix raisonnable, Le Mistral à Agios Nikolaos, Tammam à La Canée...