Reportage de voyage
Myanmar, la beauté cachée de l'Asie
Avec Bagan comme site exceptionnel, avec le lac Inlé peuplé par les ethnies Pao et Intha, avec l'impressionnante pagode de Swé Dagon et la baie superbe de Ngapali, avec ses anciennes cités et ses villages authentiques… à l'heure du dégel de la situation politique, l'ex-Birmanie mérite plus que jamais la visite
pagode Swé Dagon à Yangon (Rangoon)
Yangon est une ville agréable à défaut d'avoir beaucoup de charme. Avec ses cuisines ambulantes sur les trottoirs, de belles bâtisses héritées des colonisateurs victoriens, quelques rares buildings (certains inachevés faute de moyens) et des embouteillages sur les grands axes aux heures de pointes, elle apparait somme toute comme une ville assez aérée et tranquille pour une capitale asiatique.
Elle abrite tout de même un site splendide et incontournable, la
pagode Swé Dagon, la plus sainte de Birmanie et probablement la plus belle au monde. Non loin de là se trouve le musée national auquel il faut consacrer une demi-journée (lire aussi notre article
Yangon, porte d'entrée du Myanmar).
Le palais royal de Mandalay rasé par les Alliés en 1945
Il faut à peine plus d'une heure en avion pour relier Yangon à
Mandalay. Il ne reste rien aujourd'hui des kiosques et pavillons superbes du palais royal de Mandalay détruits par les Alliés en 1945. A l'extérieur de l'enceinte, en revanche, le ravissant monastère en teck de Swhé Nan Daw a été préservé.
Dans la pagode Mahamuni - l'autre site incontournable de la ville - règne une vive ferveur et dévotion. On y révère un impressionnant bouddha dont le corps est gonflé par ces milliers de feuilles d'or collés par les pèlerins (vous pouvez visiter dans les environs les fabriques de feuilles d'or, chacune écrasée à la masse pendant deux séances de cinq heures afin d'en augmenter la surface et de les rendre plus fines).
Mandalay
Mandalay est surtout le point de départ des excursions à la découverte des anciennes capitales des royaumes Konbaung. A Amarapura, à une dizaine de kilomètres de Mandalay, arrêtez-vous d'abord au monastère Mahagandhayon.
Les moines dans leurs robes safran vaquent (ou non) à leurs occupations. Certains suivent des cours, d'autres font la vaisselle ou se restaurent (avant midi). Un prêtre y enseigne la parole de bouddha à une assemblée de touristes sous le charme.
Le pont en teck d'U-Bein long d'un kilomètre
pont d'U-Bein
Nous poursuivons notre route jusqu'au
pont d'U-Bein. Avec au bout de cet étonnant édifice en teck d'un kilomètre de long la pagode Kyauk Tawgyi et ses belles peintures murales.
A une quinzaine de kilomètres de là, une barge vous mène rapidement sur l'île d'
Inwa. Une carriole emprunte ensuite des chemins chaotiques jusqu'aux différents vestiges de l'ancien royaume d'Ava. On y admire notamment le monastère de Bagaya, superbe bâtisse en bois noirci, aux balustrades et décorations finement stylisées.
Pagan, vaste plaine couverte par 2 000 temples et pagodes
Bagan
Le départ pour
Bagan (Pagan) est prévu à l'aurore. A peine embarqués à bord de l'Express, un bateau d'âge mûr dédié uniquement au transport des touristes, se découvre un splendide levé de soleil sur le fleuve Irrawady (moins connu sous son nouveau nom d'Ayeyarwady).
Nous arrivons à Bagan en début d'après-midi. A peine débarqués du bateau, se succèdent temples et pagodes de chaque côté de la route. C'est le plus souvent en carriole ou en vélo – on recommande les deux - que se visite le site, au petit trot, sur des chemins de terre.
Bagan soleil couchant
Impossible d'évoquer l'émotion ressentie au sommet des plus grands temples aux allures de pyramides, au coucher de soleil, lorsqu'une douce lumière se pose sur une vaste plaine couverte par quelque 2.000 édifices religieux.
Inoubliable aussi le temple d'Ananda, ses superbes haut-reliefs et les quatre bouddhas géants, étonnantes statues nichées dans chaque point cardinal du pilier central.
Mont Popa
Des excursions superbes méritent de prolonger son séjour à Bagan. Il faut deux heures en taxi pour se rendre au
Mont Popa. Une pagode et des petits temples coiffent une colonne de lave solide de 737 mètres de haut; la vue est superbe depuis le sommet que l'on atteint en grimpant les 700 marches. A une même distance de Bagan, le monastère en bois de Yoak Sone - reconverti en musée – est peut-être le plus beau du Myanmar.
Sur le lac Inlé, à la découverte des villages Inthas
sur le lac Inlé
Le lendemain, nous mettons le cap sur le
lac Inlé, au cœur du pays Shan. La route est en mauvais état mais les paysages sont beaux et variés.
Nyaung Shwé est la porte d'entrée du lac Inlé. C'est dans cette paisible bourgade aux maisons de bois que l'on se loge, se restaure et trouve tous les services nécessaires à son réussite de son séjour (location du bateau, organisation d'un trek, etc).
Lac Inle
La balade sur le lac Inlé est un enchantement. On y découvre les villages des Inthas ("fils du lac") et leurs maisons sur pilotis, leurs jardins flottants et la diversité de leur artisanat, on y admire aussi leurs pêcheurs une nasse dans une main et un trident dans l'autre, manœuvrant leurs barques avec la rame enserrée dans une jambe. Parmi les marchés quotidiens organisés autour du lac, privilégiez si possible celui de Than Taung, coloré et animé par les ethnies Pao et Intha.
Kakku
Les excursions ne manquent pas dans la région du lac Inlé. Non loin de Nyaung Shwé, le palais des miroirs de Shwé Yan Pyay regroupe un joli petit monastère et une superbe pagode. Mettez aussi le cap sur
Kakku, à deux heures de voitures de Nyaung Shwé.
La visite très encadrée - Aye Aye, notre guide Pao dont la tête est enturbannée dans une serviette, nous accompagne pendant toute l'excursion - ne nous décevra pas. Avec ses 2.478 stupas aux ornements de stuc parfois remarquablement conservés, Kakku est une forêt de pierre impressionnante. Un site redécouvert à l'orée du troisième millénaire, au point de n'être pas même mentionné dans de nombreux guides….
Ngapali
Après un tel périple au Myanmar, pourquoi ne pas consacrer quelques jours à la plage. A
Ngapali notamment, superbe et isolée, vaste baie frangée par une mer turquoise et bordée par une plage de sable blanc, des cocotiers et quelques rares bungalows.
Il suffit alors de marcher quelques centaines de mètres pour se retrouver totalement seul sur la plage, histoire de ressentir les sensations d'un Robinson des temps modernes. Et de s'interroger : l'espace et le silence ne sont-ils pas le vrai luxe de notre époque?
© oopartir - 2014 - Texte et photos : Vincent de Monicault
Lac Inle
On aime
On adore la grande gentillesse d'une population avenante et souriante. Autre point positif (c'est triste à dire!): la répression brutale – comme c'est souvent le cas sous des régimes dictatoriaux - rend le pays très sûr pour le touriste.
Faut-il y aller ?
Clairement oui. La junte s'est autodissoute en mars 2011 et a transmis son pouvoir à un gouvernement dit "civil". Le régime reste toutefois soumis à un strict contrôle des militaires, mais a pu multiplier les gestes d'ouverture. Le leader de l'opposition et prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, avait déjà modifié sa position ces dernières années, déclarant en 2009 au quotidien Britannique The Daily Telegraph que «le tourisme en Birmanie doit être encouragé, pourvu qu'il soit développé et géré par des opérateurs privés, et qu'il soit organisé en dehors de la sphère d'influence du gouvernement militaire birman». Cette position passait par une sérieuse information du voyageur avant de partir : l'Etat contrôle en effet les chemins de fer ou le site de Pagan ; les membres de l'ex-junte ont aussi des intérêts dans le secteur touristique, notamment dans les grands hôtels. La population, pour sa part, attend beaucoup du tourisme, petits hôtels et restaurants sur les sites touristiques, artisans, vélo-porteurs, guides, etc.
lac Inlé
Voyager sur placeLe voyage au Myanmar relève parfois du domaine de l’aventure. Les transports en commun (trains, bus) sont très lents, il faut parfois plus de dix heures pour parcourir 200 km. Côté transport aérien, les compagnies Air Mandalay et Yangon Airways ont longtemps été recommandé plutôt que Myanmair Airways peu fiable. Cette dernière a été rebaptisée Myanmar National Airlines ; la compagnie aérienne nationale du Myanmar est au cœur d'un important plan de restructuration visant à en faire un transporteur majeur de la région ASEAN et au-delà. Le réseau de la compagnie va être amené à s’étendre rapidement hors des frontières du Myanmar, avec la mise en service à brève échéance de dix Boeing 737-800 et 737-Max 8, ainsi que le renouvellement de sa flotte régionale via l’acquisition de tout nouveaux ATR 72-600.
Quand partir, quel budget?Il faut se rendre au Myanmar de préférence pendant la saison "fraîche", de fin octobre à fin février. Si vous optez pour des vols intérieurs, comptez au moins 100 euros par tronçon. Côté hébergement, vous avez le choix entre des hôtels de bon confort (compter 20 à 30 dollars) et des guesthouses impeccables pour dix dollars.
Les infos pratiques
Sur le marché Than Taung (lac Inle)
. Formalités : Visa + passeport valable six mois après le retour ; Pour obtenir le visa, il faut se rendre au Consulat, 60 rue de Courcelles, 75008 Paris ; tél. : 01 42 25 56 95. A noter : le demande est effectuée le matin (du lundi au jeudi) et le retrait l’après-midi. Prévoir un délai plus ou moins long pour l’obtention du visa
. Santé : Aucune vaccination obligatoire. Un traitement anti-paludéen (à base de méfloquine) est recommandé, surtout à ceux qui vont en forêt.
. Monnaie : Kyatt
. Langue : L’anglais est souvent parlé dans les lieux touristiques
. Indicatif téléphonique: 00 95 (+ 1 pour Yangon et 2 pour Mandalay et Pagan)
. Electricité : 220 v (adaptateur nécessaire)
. Décalage horaire/France : + 5h30 en hiver, + 4h30 en été.
. Durée du vol : Il n’existe pas de vols directs entre la France et le Myanmar. Le temps de vol total dépend de la localisation et de la durée de l’escale
. Le site utile :
www.myanmar-tourism.com