Reportage de voyage
Roumanie, la belle surprise de l’Est
Châteaux des Carpates, villes médiévales et villages fortifiés de Transylvanie, églises en bois du Maramure?, monastères peints à l'extérieur de Bucovine... la Roumanie surprend le visiteur par la richesse de sa culture et de son patrimoine. Avec en prime une nature préservée et des traditions vivaces.
Château de Peles, Sinaia
Après la morne plaine la montagne. Deux heures à peine après avoir quitté Bucarest, le paysage change complètement à l'approche de Sinaïa, laissant place aux forêts et reliefs de la vallée de la Prohova
Sinaïa, surnommée
la perle des Carpates, est en effet la porte d'entrée de cette chaîne montagneuse en forme de fer à cheval en Roumanie, l'un des derniers écosystèmes naturels préservé d'Europe.
Après une halte au monastère de Sinaïa - fondé fin XVIIème - mettez le cap sur le célèbre château de Peles.
Sinaïa a pris son essor lorsque le roi Carol 1
er de Roumanie (1837-1914) y a fait édifier cette résidence de villégiature, près de la frontière de l'Empire austro-hongrois à laquelle appartenait alors la Transylvanie.
De nombreuses autres résidences seront bientôt construites à Sinaïa, de même qu'un casino (1912) et une gare (1913) où s'arrêtaient un temps les luxueux wagons de l'Orient-Express.
Monastère de Sinaïa
Le ravissant
château de Peles, édifié dès 1875 et achevé en 1914, fut construit dans un style néo-renaissance allemand, comme un rappel des origines germaniques du roi. L'intérieur est extraordinaire, avec le vaste hall d'honneur sculpté de bois et les 160 pièces aux multiples influences.
A un jet de pierre du château de Peles se trouve celui de
Pelisor, bâti de 1899 à 1902 pour le prince héritier Ferdinand, successeur de Carol 1er. Sa femme, la reine Marie, a laissé une étonnante empreinte sur la décoration, mélangeant surtout art nouveau et art celtique (elle est née en Ecosse).
Château de Pelisor
Les origines allemandes de la famille royale (Hohenzollern-Sigmaringen) soulignent l'une des caractéristiques de la Transylvanie toute proche : les «Saxons», population d'origine allemande, colonisèrent cette région dès le XIIème siècle.
Ils formeront ensuite la plus grande minorité allemande compacte d'Europe de l'Est jusqu'à la chute du Rideau de fer en 1989 ; la plupart d'entre eux rejoindra ensuite l'Allemagne. Mais l'héritage de cette population saxonne est omniprésent en Transylvanie.
Château de Bran
Pour garder les cols des Carpates, les chevaliers teutons construisirent de nombreux châteaux et villes (Brasov, Sibiu...).
Le plus connu, le
château de Bran édifié en 1367 non loin de Brasov, a été immortalisé par la légende de Dracula, dont l'écrivain irlandais Bram Stoker fit le roi des vampires.
Pourtant, si le château est considéré comme celui du cruel Vlad Tepes dit «l'Empaleur» ou Dracula, ce personnage historique majeur de la Roumanie ne vécut probablement jamais à Bran. Le site n'en est pas moins très beau, très touristique aussi même si l'on a paraît-il évité de peu l'édification d'un Draculaland...
Eglise noire de Brasov
, à 45 kilomètres au nord de Sinaïa, coule des jours paisibles au pied du mont Tampa. La ville natale du photographe Brassaï séduit les visiteurs avec ses belles façades baroques, gothiques et Renaissance.
Cette cité fortifiée étonne aussi avec ses tours ponctuant ses remparts et son Bastion des Tailleurs.
La saxonne Kronstadt doit beaucoup aux colons d'origine allemande. Symbole de cette communauté aujourd'hui modeste, son «Eglise Noire» du XVIème siècle demeure l'édifice majeur de Bra?ov : cette cathédrale luthérienne est le plus grand édifice religieux gothique construit entre Vienne et Constantinople.
Village fortifié de Prejmer
Brasov attire en outre les passionnés de sports d'hiver. Poiana Brasov (1030 mètres), à une dizaine de kilomètres de Bra?ov, est notamment considérée comme la plus belle station de ski du pays.
La Transylvanie compte aussi 150
villages fortifiés par les colons saxons dont sept inscrits au patrimoine mondial. Dès le XIIème siècle furent en effet construits des murailles autour des églises pour protéger les populations des envahisseurs.
Village fortifié de Viscri
Le village de
Prejmer, situé à une quinzaine de kilomètres de Brasov, est l'un des plus célèbres de Roumanie ; l'église fut construite entre 1241 et 1250 dans un style gothique précoce. Autres citadelles à ne pas manquer, celles de Viscri et Biertan près de Sighisoara.
A
Viscri, une double enceinte et cinq tours de défense ont été érigées au cours des XVème et XVIIème siècles autour de son église gothique
Si vous vous rendez à Sibiu depuis Brasov vous pouvez emprunter - uniquement en été - la route la plus haute de Roumanie, la
Transfagarasan, laquelle
serpente dans les Carpates sur une centaine de kilomètres, traversant les montagnes Fagaras du nord au sud, du lac Vidraru au lac Balea, dans les montagnes du parc national de Piatra Craiului.
Sibiu
, située à respectivement 280 et 85 kilomètres au nord de Bucarest et Brasov, est considéré comme l'une des plus belles villes de Roumanie.
Le style architectural unique de cette cité médiévale explique d'ailleurs en grande partie son choix comme capitale européenne de la Culture 2007.
De la très animée Grand Place, des petites ruelles pavées mènent aux ravissantes place Huet et Petite Place d'où l'on accède à l'église évangélique par le pont des Mensonges.
Sighisoara
Il faut aussi visiter le palais baroque Brukenthal, se promener sur les remparts de la citadelle, grimper au sommet de la tour du Conseil afin de profiter d'une vue sur la vieille ville, et enfin perdre agréablement son temps aux terrasses des cafés.
La ravissante ville médiévale de
Sighisoara, située à 70 kilomètres au nord-est de Sibiu, fut construite en 1191 par les colons saxons.
Promenez-vous sur la place centrale de la Cité, passez sous la Tour à l'Horloge (XIVème siècle), allez voir la maison de Dracula où Vlad l'Empaleur serait né, faites le tour des murailles (XIVème siècle) sur un kilomètre, passant en revue les donjons et les neuf tours de défense.
Enfants à Budesti (Maramures)
, située à 150 kilomètres au nord de Sibiu, est la capitale historique de la Transylvanie. Cité de culture et centre universitaire de prestige, la cinquième ville du pays rassemble des édifices de styles très variés, baroque, gothique et Renaissance.
L'église Saint-Michel (1390) est l'un des plus beaux édifices religieux de style gothique de la région. Le palais Bánffy représente un bel exemple de style baroque.
Eglise du village d'Ieud, Maramures
Tout au nord de la Roumanie,
Maramures est l'une des régions les plus riches d'Europe en tradition et coutumes, probablement la plus pittoresque du pays. Par endroit le temps semble avoir oublié ce territoire. Les carrioles y sont encore tractées par des chevaux.
Tous les villages et hameaux de plusieurs vallées - dont celle de l'Iza - possèdent de magnifiques églises tout en bois, à la silhouette élancée avec leurs flèches dressées sur leurs tours clochers.
Biserica, Maramures
Ces églises classées au patrimoine mondial par l'Unesco furent construites pour la plupart au XVIIème siècle.
La tour clocher de l'église du village de
Barsana, la plus haute construction en bois d'Europe, mesure 63 mètres de hauteur. Celle de l'église du village de
Surdesti atteint les 54 mètres.
Ne manquez pas de vous arrêter dans la principale ville du Maramures
, Sighetu Marmatiei, réputée pour ses marchés, animations de rues et masques de carnaval.
Monastère de Voronet, Bucovine
Au nord-est de la Roumanie s'étend la Moldavie, région qui concentre un grand nombre d'édifices religieux.
La
Bucovine notamment, noyau originel de la Moldavie, est connue pour les belles fresques byzantines peintes sur les murs extérieurs des églises et monastères, dans des nuances originales de bleu, rouge, jaune et vert.
Partez pour la journée en voiture depuis la ville de
Suceava, l'ancienne capitale de la Moldavie. A deux pas du village de Gura Humorului se trouve les plus célèbres monastères de la région, superbes témoignages de la civilisation moldave au XV et XVIème siècle.
Les plus visités :
Voronet considéré comme «la Chapelle Sixtine» de l'Orient,
Moldovita et sa scène monumentale du siège de Constantinople,
Humor où le diable est dépeint sous les traits d'une femme rousse...
Ne manquez pas non plus le monastère de
Dragomirna, à 12 kilomètres de Suceava ; le plus grand monastère médiéval de Bucovine, datant du XVIIème siècle, est renommé pour ses dimensions, ses détails taillés dans la pierre, ses fresques peintes dans l'autel et le naos.
Delta du Danube
A 120 kilomètres au sud de Suceava,
Piatra Neamt est aussi une halte conseillée sur la route des Carpates. Au cœur de la vieille ville se trouve le complexe de la Cour Princière, construit fin XV
ème siècle sous le règne d'Etienne le Grand.
Cet ensemble est composé des ruines de la Cour Princière, de la Tour-Clocher et de l'église St Jean Baptiste de style moldave avec des éléments byzantins et gothiques.
Ceux qui ont encore du temps peuvent pousser à l'est vers le littoral roumain de la mer Noire. Les amoureux de l'observation des oiseaux plébiscitent le delta du Danube, inscrit aujourd'hui comme réserve de biosphère par l'Unesco.
Au bord de la mer Noire
Les amateurs de farniente mettent le cap sur la Riviera Roumaine. A 3 kilomètres de Constanta, la station de Mamaia reste le plus grand et ancien resort du pays.
On peut citer parmi les autres stations du littoral Eforie Nord, Neptun et Mangalia. Le tourisme de remise en forme profite pour sa part des 3 000 sources d'eaux thermales et minérales et 70 stations de santé de la région, notamment celles d'Eforie Nord et de Mangalia. La plupart de ces centres furent fondés par les Romains. De quoi soutenir en effet que la tradition thermale est millénaire en Roumanie.
© oopartir.com 2015 - Texte Vincent de Monicault - Photos VDM et Office de tourisme de Roumanie
Comment y allerLa compagnie nationale roumaine Tarom et sa partenaire Air France (au sein de l'alliance Skyteam) assurent des vols directs quotidiens entre Paris et Bucarest. Tarom opère également sur la capitale roumaine au départ de Lyon et Nice, et dessert toutes les grandes villes roumaines depuis Bucarest. La low-cost roumaine Blue Air relie pour sa part Paris-Beauvais, Lyon et Nice à Bucarest, la low-cost hongrois Wizzair Paris-Beauvais à Cluj-Napoca et Timisoara.
Où dormir Il faut savoir que les standards roumains dans l'hôtellerie sont souvent inférieurs à ceux qu'on trouve en Europe de l'Ouest ; à défaut de pouvoir dégager des moyens pour rénover le parc on pourrait espérer parfois un meilleur accueil. Voici notre sélection :
. A
Brasov, Aro Palace (5 étoiles, 116 chambres) restauré en 2006 (
www.aro-palace.ro) ; autre établissement de qualité à Brasov, le Coroana (76 chambres) construit au XVIIIème siècle dans un style baroque, devenu hôtel haut de gamme en 1910 (
www.coroana-brasovului.ro).
. A
Sibiu, à l'Imperatul Romanilor, hôtel 3 étoiles bien situé près de la Grande place, ; agréable rez-de-chausée, chambre grande mais un peu défraîchi (
www.imparatulromanilor.ro)
. A
Sighisoara, la Casa Wagner très bien située dans la citadelle médiévale, propre mais accueil décevant (
www.casa-wagner.com)
.
Pension Unglerus dans le village fortifié de Biertan ; belle demeure historique du XVIIème aux chambres spacieuses.
Comment circuler sur placeDes trains express régionaux relient Bucarest à Sinaïa (142 kilomètres, compter 3 heures), Brasov (155 km), Sibiu (282 km) et Cluj-Napoca (426 km), Piatra Neamt (350 kilomètres), etc. Mais il est préférable de louer une voiture si l'on pense aller dans des régions moins bien desservies tel le nord (Maramures, Bucovine...). Attention, la conduite des Roumains peut parfois surprendre.
