27/03/2011
Le Laico Amitié de Bamako
Certains s'étonnent de la complaisance de nombreux pays africains à l'égard du régime du Colonel Kadhafi.
Seuls trois pays du continent, le Maroc, la Mauritanie et le Sénégal, ont critiqué la violence de la répression en Libye. La popularité du dictateur peut aussi surprendre au sein même des populations de nombreux pays africains.
Le «Guide» s'est bâti une image flatteuse dans ces pays depuis des décennies, à coup de milliards de dollars investis dans de nombreux secteurs de leurs économies, la majorité (60%) des investissements portant sur l'immobilier, l'hôtellerie de luxe et le tourisme. Kadhafi dispose pour ce faire, depuis 1981, d'un bras armé financier, la Libya Arab African Investment Company (Laaico), filiale de la
Libyan Foreign Investments Company, elle-même chapeauté par la LIA (Libyan Investment Authority), le fonds souverain contrôlé par le clan Kadhafi.
Tour Kadhafi, Dakar
Dans le domaine touristique, Laaico s'appuie plus particulièrement sur sa filiale hôtelière Laico Hotels & Resorts (
www.laicohotels.com), laquelle possède en totalité ou partie 23 établissements dans 15 pays : Afrique du Sud, Burkina Faso, Centrafrique, Congo, Gabon, Ghana, Gambie, Guinée, Mali, Ouganda , Rwanda, Togo, Tanzanie, Tunisie et Tchad.
Des établissements exploités sous la marque Laico Hotels & Resorts ou sous d'autres enseignes quand la gestion a été confiée à de grands groupes internationaux (Le Méridien, Intercontinental, Kempinski...). Nombre des hôtels sous enseigne Laico Hotels & Resorts sont gérés par Laico Hotels Management Company, joint-venture entre Laico et Tunisian Travel Service (TTS), groupe tunisien créé et dirigé par Aziz Milad, l'"ami" tunisien de Michèle Alliot-Marie.
Parmi les pays très proches du régime Kadhafi : le Mali, la Tunisie et le Sénégal. Au Mali, la Laaico s'appuie sur sa filiale Lafico-Mali, propriétaire de l'Hôtel de l'Amitié (ex Sofitel Amitié) à Bamako, dans la cour duquel le guide de la révolution libyenne aimait planter sa tente.
Hôtel des Congrès, Tunis
Lafico-Mali a aussi acquis l'hôtel El Farouk (ex-Kempinski) à Bamako, et investit dans des projets à Tombouctou (hôtel Azalaï) et Sélingué (Cité balnéaire Afriqiyah). La société libyenne, compte tenu d'un climat des affaires plus tendu en Guinée, a par ailleurs remplacé Conakry par Bamako pour l'édification de son complexe hôtelier haut-de-gamme Afriqiyah Hôtel. Ce projet, en fait la relance du Mariétou Palace en faillite, se veut le premier maillon de la chaîne Afriqiyah en Afrique.
Au Sénégal, la filiale Laaico-Sénégal est partie prenante du projet de «Tour Mouamar Kadhafi», gigantesque pyramide noire dont la construction a commencé et qui doit abriter un hôtel 5 étoiles de 400 chambres. En Tunisie, Laaico a acquis l'hôtel des Congrès (ex-Abou Nawas Tunis), le 5 étoiles phare de la capitale tunisienne.
Difficile d'en douter : la «prudence» de l'Union africaine (UA) et des chefs d'Etat africains depuis le début de la crise libyenne est liée à l'influence du colonel sur le continent. Avec en filigrane la menace de faillites en série d'entreprises dans lesquels sont impliquées des Etats tout autant que le secteur privé.
© oopartir.com - 2011 - Vincent de Monicault