21/04/2020
Cap d'Antibes
La crise que vit le monde du voyage est d'une violence rare. Le secteur du tourisme est totalement à l'arrêt. La gravité de cette crise est sans commune mesure avec celles vécues dans le passé, la Guerre du Golfe (1991), les attentats du 11-Septembre (2001), les épidémies du Sras (2002-2003) et du H1N1 (2009), sans oublier l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull (2010), ayant paralysé pendant plusieurs jours le trafic aérien au dessus de l'Europe.
Cet été, les voyages des Français devraient être limités aux pays de l'espace Schengen. Nos compatriotes seront-ils nombreux, pour autant, à se rendre en Italie ou en Allemagne ? Ne vont-ils préférer massivement passer leurs vacances en France ? Cela permettrait de compenser en partie l'absence des touristes étrangers. La France est en effet la première destination mondiale avec 90 millions de visiteurs par an, dont 70% en provenance de pays européens. On ne verra quasiment pas d'extra-européens en France cet été. Les hôtels de luxe de Paris et de la Côte d'Azur vont pleurer l'absence des Américains, Chinois, Japonais, Saoudiens et autres Brésiliens.
La présence des Français devraient ainsi sauver la saison de nombreux professionnels du tourisme hexagonal, et notamment des restaurateurs et petits hôtels indépendants en grande difficulté. Restent toutefois de multiples inconnues. Les Français pourront-ils partir en vacances comme les années précédentes ? La crise actuelle aura-t-elle pour conséquence une forte baisse de leur budget vacances ?
Nos compatriotes économisent actuellement sur des courts séjours prévus ce printemps, et sur d'autres dépenses de loisir, vont-ils consacrer une bonne partie de cette "épargne forcée" - estimée à 55 milliards d’euros - à leurs vacances d'été ? Vont-ils privilégier massivement les séjours en famille ou chez des amis, au détriment du tourisme marchand ? Et dans ce dernier cas préférer les hébergements individuels (maisons de vacances, gîtes ruraux...) plutôt que les hébergements collectifs type clubs de vacances ?
Les professionnels du secteur multiplieront-ils des formules rassurantes pour les consommateurs, tels le remboursement des arrhes en cas d'annulation des réservations pour cause de Covid-19 ? Les lieux touristiques vont devoir par ailleurs appliquer des protocoles sanitaires et des mesures de distanciation sociale. Les campings et autres clubs de vacances auront-ils l'obligation de veiller à un strict respect de cette distance entre personnes dans leurs différents espaces collectifs, au restaurant, à la piscine, sur les plages ? Où sera-t-il fait seulement appel à l'esprit civique des uns et des autres pour respecter ces contraintes ?
Un tourisme plus durable et responsable, quoique encore marginal, pourrait aussi continuer sa lente progression. Nos compatriotes devraient surtout chercher à sortir des sentiers battus, afin d'éviter les lieux trop fréquentés. Et la montagne pourrait être la grande gagnante de l'été, surtout s'il fait très chaud.
Le tourisme hexagonal devrait, enfin, favoriser le train, le bus, le covoiturage... au détriment surtout de l'avion, sachant que les modes de transport devront tous s'employer à prendre des mesures sanitaires et faire respecter la distanciation physique. Un sacré défi...
La Rédaction d'oopartir.com