Reportage de voyage
Egypte: Siwa, l'oasis mystérieuse
Le désert d'Egypte abrite cinq oasis parmi les plus belles au monde, dont celle spectaculaire de Siwa.
Les oasis semblent épargnés par le temps qui passe. Leur isolement leur permet aujourd'hui encore de défier le monde moderne. L'Egypte, loin des grands flux touristiques de la vallée du Nil, possède de tels refuges sur son immense mer de sable. A l'ouest du grand fleuve, cinq écrins de verdure comptent parmi les plus belles oasis au monde.On trouve quatre de ces îlots de vie et de prospérité le long d'une ancienne branche morte du Nil. Ces oasis de la Nouvelle Vallée - Bahariya, Farafra, Dakhla et Kharga - jouissent d'un sous-sol fertile - avec d'innombrables forêts d'oliviers et surtout de palmiers dattiers - et d'un passé très riche, comme en témoigne la profusion de peintures rupestres et de tombes, de ruines de cités anciennes, de vestiges de forteresses et de temples.
Siwa, la cinquième oasis, la plus mystérieuse et spectaculaire, est située à l'extrême ouest du pays, non loin de la frontière avec la Libye. Une route la relie à l'oasis de Bahariya, alors qu'elle n'était pendant longtemps accessible que depuis Alexandrie. Les amoureux des voyages hors des sentiers battus craignent déjà qu'elle ne génère des flux touristiques conséquents!
La principale route reste celle du nord, laquelle passe par Marsa Matrouh, sur la côte méditerranéenne. Il faut neuf heures pour se rendre à Siwa depuis Alexandrie. La route est bonne et le voyage - en car ou en voiture - plutôt tranquille. Siwa surprend d'abord par sa luxuriance: l'oasis compte 250.000 palmiers dattiers!
Surgit alors
l'ancienne cité de Chali, étonnante termitière fantomatique nichée au cœur de la ville moderne. Siwa respire la douceur de vivre. Les rares touristes - de nombreux français et beaucoup de routards - semblent anachroniques dans ce décor d'un autre âge, succession de maisons traditionnelles construites en brique crue. Le temps s'écoule lentement à Siwa.
Les habitants de l'oasis,
d'origine berbère, ont gardé leur langue, coutumes et traditions. Plus encore qu'ailleurs en Egypte, l'alcool y est prohibé et les femmes ont le visage couvert par un voile bleu. Plus que tout autre véhicule, la caretta - carriole tirée par un âne - demeure le principal mode de locomotion.
Partez ainsi à la découverte des environs.
Jebel al-Mawta, la "colline des morts" creusée de toute part, mérite le détours pour la belle tombe de Si-Amon remontant à l'époque ptolémaïque. Des peintures témoignent de la cohabitation entre grecs - dessinés avec des peaux plus claires - et Egyptiens.
Une petite route de terre vous conduit jusqu'aux rares
vestiges du temple d'Amon et au bain de Cléopâtre.
Sur la colline d'Aghurmi, en haut des ruines du temple de l'Oracle, vous profitez d'une vue époustouflante sur l'ensemble de l'oasis, alternance de villages de terre et de forêts de palmiers dattiers, bordée par deux lacs salés et ceinturé par un océan de dunes.
Une belle excursion en 4X4 vous ouvre les portes du désert. Sur le plan d'eau de Bir Wahed, vous profiterez d'une halte pour vous baigner au milieu des roseaux. Il n'y a pas de mirage et vous êtes en plein rêve.
© oopartir - 2013 - Texte : Michel Belenet - Photo : OT d'Egypte
Plus généreuses en momies qu'en eau...
Les archéologues travaillant dans les oasis égyptiennes n'ont qu'à se baisser pour découvrir des témoignages de l'Egypte ancienne. Plus de 230 momies, les plus belles de la période romaine jamais trouvées en Egypte, dont plusieurs sont protégées par des masques ou sarcophages en or, ont ainsi été trouvées depuis 1996 dans des sépultures collectives, sur sept petites oasis de la région de Bahariya, à 350 kilomètres au sud-est du Caire. Cette région a depuis été surnommée la "Vallée des momies d'or".
L'oasis de Bahariya a vécu des périodes de prospérité, au temps où les caravanes transafricaines y faisaient encore escale, surtout sous Alexandre le Grand il y a 2.300 ans. A l'époque, la nappe phréatique était à cinq mètres sous la surface du sol. Aujourd'hui, il faut forer à plus de 1.300 mètres pour trouver l'eau. Pour les habitants, bien que confrontés à la sécheresse, les momies toujours plus nombreuses, et les visites touristiques qu'elles entraînent, sont les bienvenues.
Comment s'y rendre, où logerLa compagnie d'autocar West Delta vous mène d'Alexandrie à Siwa en neuf heures, pour environ 15 euros. Sur place, nous recommandons aux voyageurs disposant d'un budget confortable (compter 40 euros la nuit) le Shali Lodge, ravisant petit hôtel construit dans la palmeraie, avec uniquement des matériaux traditionnels.
A noter: il n'existe pas de liaisons aériennes directes entre Paris et Alexandrie. La compagnie allemande Lufthansa propose la desserte via Francfort.