Le nord du Pérou tire désormais son épingle du jeu sur le plan touristique. Cette région, méconnue, livre ses joyaux aux amateurs d’aventure
La citadelle de Kuelap
On se prendrait presque pour André Malraux découvrant les ruines d’Angkor enfoui dans les broussailles au siècle dernier, en 1923. Ou pour Indiana Jones dans Les Aventuriers de l’Arche perdue… Après trois jours de trek à travers les Andes, l’approche de la forteresse de Kuelap se mérite. Les guides, non habitués à prendre soin des mollets des vacanciers aventuriers, grimpent droit vers le sommet, plutôt qu’une montée en lacets rendant la marche plus douce.
Heureusement, les feuilles de coca mâchées pendant au moins vingt minutes (expérience vécue) donnent un sacré coup de pouce ! L’arrivée dépasse les espérances : les ruines de ce centre administratif et lieu de rituels sacrés des Chachapoyas, une civilisation pré-inca, dominent un paysage somptueux, entourées de bosquets d’orchidées sauvages dans un ciel brumeux.
Deux lamas passent par là comme par miracle pour la photo ; seule une poignée de touristes et d’écoliers péruviens déambulent à travers les vestiges des 450 habitations circulaires datant du 10e siècle.
Ses habitants furent massacrés au 16e siècle, par des tribus voisines. Les chroniques espagnoles racontent que la gentillesse et la beauté des femmes en avaient fait l’une des ethnies favorites des dirigeants inca qui les choisissaient comme concubines…
Les guides contemporains parlent, eux, de « futur Macchu Picchu du nord », perché à 3000 mètres. Avis aux amateurs de contrées inexplorées : qu’ils se précipitent avant la construction, d’ici un an ou deux, d’une télécabine construite par une société française, qui pourra hisser jusqu’à mille touristes par heure vers ce trésor archéologique.
La momie de Rascar Capac
Au pays des Chachapoyas, les amateurs de trek se baladent le long du sentier en balcon menant à leur nécropole de Revash. A flanc de falaise, les édifices funéraires aux allures de petites maisons troglodytes, colorées d’ocre et de rouge, ont été pillés depuis belle lurette. Mais des momies récupérées intactes dans une tombe sont exposées dans le passionnant musée de Leymebamba.
On croit y voir, derrière sa vitrine, le clone de la momie de Rascar Capac, de Tintin et les Sept boules de cristal, un prince inca momifié justement originaire du Pérou… Autre terrain de jeu : les alentours de Cajamarca, où le dernier empereur inca, Atahualpa, fut tué par le conquistador Francisco Pizarro, en 1533. Dans l’ancienne cité coloniale, on visite la « chambre de la rançon », que le monarque indien fit remplir une fois d’or et deux fois d’argent contre la promesse, non tenue, de sa liberté.
On explore le site de Cumbemayo, en longeant les vestiges d’un ingénieux système hydraulique vieux de 3000 ans, au pied de gigantesques tours de pierre sculptées par la nature. Après avoir approché l’impressionnante chute de Gocta et traversé des rizières, on traîne enfin ses guêtres au bord de la mer. Petite pause sportive sur la plage, à bord d’une embarcation traditionnelle dans la station balnéaire de Huanchaco, port de pêcheurs proche de Trujillo.
On enchaîne ensuite avec un circuit culturel, sur les traces de la civilisation Moche, autour des temples de la Lune et du Soleil, et au musée de Sipan pour contempler d’éblouissants bijoux en or, avant de déambuler à travers les vestiges de la cité en pisée de Chan-Chan, rivale des Incas au 15e siècle.
© Cotal France – 2016 - Par Mathilde Giard