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Jardins Albert Kahn : voyage aux portes de Paris
Nouveau bâtiment conçu par l’architecte Kengo Kuma © CD92/Willy Labre
Les jardins Albert Khan, aux portes de Paris, en face de la station de métro Boulogne Porte de Saint-Cloud, avaient déjà connu une nouvelle jeunesse en 2015. La construction d'un nouveau bâtiment, à l’emplacement des anciens commerces, avait alors permis d'héberger les 72 000 autochromes d’Albert Kahn et un salon de thé. Après cinq ans de travaux, le musée départemental vient de rouvrir, avec un nouveau batiment en bambou, lames de bois et métal signé par l'architecte japonais Kengo Kuma.
Un nouveau souffle pour ce lieu qui exprime depuis un siècle la diversité du monde et des hommes qui l’habitent. On y parlait alors, à l'époque, d’amitiés entre les peuples et de paix mondiale. Plusieurs mondes y cohabitent en effet en toute harmonie : un jardin anglais, une forêt vosgienne et un palmarium côtoient un somptueux jardin japonais.
le jardin japonais contemporain © CD92 / Stéphanie Gutierrez-Ortega
Cette juxtaposition est considérée comme l’œuvre philosophique d’un riche banquier de son état, lequel conçut, dès 1895, la création de ces jardins. Cet homme bien connu du monde de la finance de l’époque s’appelait
Albert Kahn.
Grand voyageur, il s’était forgé, au cours de ses périples et de ses rencontres, un idéal qu’il allait entretenir jusqu’à la fin de ses jours : le rapprochement des hommes au travers de la connaissance et des échanges, avec pour but ultime la paix universelle.
C’est sur cette utopie qu’Albert Kahn s’appuie pour créer en 1898 les «Bourses de voyages autour du monde» visant à favoriser les voyages de quelques jeunes agrégés, puis la «Société Autour du Monde» (1906).
Enfin, sous l'égide du géographe Jean Brunhes, il envoie des professionnels dans cinquante pays pour constituer les
«Archives de la planète» et rapporter des images photographiques des quatre coins du monde. Il souhaitait ainsi fixer «
des aspects, des pratiques et des modes de l'activité humaine dont la disparition fatale n'est plus qu'une question de temps»
Albert Kahn a ainsi constitué une collection aujourd’hui inestimable de quelques 70.000 plaques autochromes, et pas moins de 183.000 mètres de film, conservés sous forme de rushes, et dont une petite partie seulement a été montée.
Ces images, miroir du monde du début de ce siècle, oscillant entre féodalité anachronique et modernité industrielle, furent d’ailleurs projetées les dimanches après-midi par Albert Kahn, lequel conviait alors ses amis les plus proches, dont Henri Bergson et Rodin.
Les jardins d’Albert Kahn ont été façonnés dès la fin du siècle dernier par l’architecte paysagiste Achille Duchêne. De leurs 4 hectares émanent un charme incomparable du en partie au sentiment de
voyager dans ce lieu d’une éclatante diversité.
Bien sûr, le «clou» de la visite reste le jardin japonais et ses trois maisons traditionnelles construites sur les consignes d’artisans nippons. «
Je suis allé à deux reprises au Japon, précisait Albert Kahn en 1938,
j’aime tout particulièrement ce pays et c’est pour cela que j’ai voulu transposer ici, près de ma demeure, un coin de terre japonaise».
© oopartir - 2022 - Texte : Pierre Marka
Pratique
Les jardins Albert Khan sont situés 14, rue du Port à Boulogne-Billancourt. Métro : Boulogne Pont de Saint-Cloud.
En savoir plus
Consulter le site
albert-kahn.hauts-de-seine.fr