L'Inde du Sud est authentique et rurale, tropicale et exotique. Voyager dans le Tamil Nadu, c'est partir à la découverte d'un pays superbe et déconcertant
Chidambaram
A l'Est de la pointe méridionale de l'Inde, l'Etat du
Tamil Nadu mérite à lui seul un voyage. Le pays tamoul est en effet une terre d'une rare richesse culturelle et historique.
Madras, la capitale (également nommée
Chennai), évoque d'abord des étoffes aux couleurs vives.
Après le voyage, on pense plutôt à une ruche chaotique et polluée de cinq millions d'âmes où circulent voitures – dont les Ambassador aux courbes années cinquante et toujours plus de petites TATA et Murati-Suzuki –
rickshaws, vaches sacrées et piétons dans un joyeux capharnaüm.
Madras mérite pourtant qu'on s'obstine à mieux la connaître. On y découvre alors une belle architecture héritée de l'époque coloniale, le titre envié de capitale du cinéma indien (partagé avec Bombay), un centre artistique reconnu, entre musique carnatique et danse empreintes de religiosité.
Tout voyage en Inde nécessite une période d'adaptation. Les gares indiennes sont également des écoles de la patience - et parfois du renoncement - aux antipodes de nos habitudes occidentales.
Un voyage en train ou en bus représente une expérience unique. Ces modes de transport demeurent en effet des lieux de rencontre et des poste d'observation privilégiés.
marché
On y apprend un peu sur la dureté de la vie quotidienne, sur la logique des castes, sur l'acceptation de son sort, sur le détachement vis-à-vis de la mort. On admire la beauté des Indiennes drapées dans leurs
saris aux couleurs vives, les bagues aux doigts et le front marqué du
tikal, l'œil de la connaissance. On surprend partout des regards énigmatiques et perçants éclairant des visages sombres.
Madurai
Les belles plages de
Mahabalipuram (aussi connue sous le nom de
Mamallapuram)
ne sont situées qu'à quelques heures de route de Madras. Les grandes rizières de la campagne tamoul ne manquent pas non plus d'apaiser les esprits.
Allez ensuite humer le parfum de la nostalgie dans le centre historique de l'ancien comptoir français de
Pondichéry. Promenez-vous dans ses rues calmes bordées de charmantes maisons coloniales. Flânez le long de la "croisette" locale.
Votre route vous conduira bientôt aux superbes temples du pays Chola, dans ce berceau de l’antique civilisation dravidienne. Des temples aux spectaculaires
gopuram baroques, des tours d’une cinquantaine de mètres de haut, sont couverts de créatures humaines, célestes et animales de toutes les couleurs.
Tanjore
Une ambiance unique règne à
Tanjore, capitale des Chola, l'une des deux grandes dynasties du sud de l'Inde: des centaines d'Indiens viennent se recueillir dans le temple de
Brihadishvara, chef d'œuvre absolu de l'architecture dravidienne, avant d'aller se détendre quelques heures sur les pelouses environnantes.
Ne manquez pas non plus la ville de
Chidambaram et son immense temple où les
gopuram ceinturent le grand bassin sacré de Shivaganga.
Imprégnez-vous aussi de l'atmosphère presque irréelle de la ville-temple de
Ranganathaswami, à
Tiruchirapalli ("
Trichy"), le soir dans les vapeurs d'encens, à l'heure où les pèlerins sollicitent la bénédiction d'un éléphant en échange de quelque pièces.
Rock Fort, Trichy
Plus au sud,
Madurai est une ville prospère, vivante et poussiéreuse. Le cœur de la cité abrite l'extraordinaire temple de
Meenakshi (l’autre nom de Parvati), là où les pèlerins apaisent la férocité des dieux du panthéon hindou en jetant sur leurs statues des boulettes de "
ghee" (beurres).
Ceux qui veulent se rendre au Kerala ou au Karnataka, les deux Etats voisins situés à l'Ouest du Tamil Nadu, traverseront la chaîne montagneuse des Ghats occidentaux.
Des montagnes sur les flancs desquels s'étendent des plantations de thé parsemées de tâches de couleurs vives, celles des saris des cueilleuses à l'heure de la récolte.
A 2.200 mètres d'altitude, dans la station climatique d'Ooty (le diminutif de Ootacamund) nichée au cœur des monts Nilgiris, l'air est frais et la petite laine s'impose. C'est alors l'heure du choix, entre le nord et le riche Etat du Karnataka, ou l'Ouest et le luxuriant Kérala. Mais c'est là de tout autre voyage…
© oopartir - 2013 - Texte : Michel Belenet ; photos Cédric Evrard
Quand partir, quel budget?Privilégiez la période de décembre à avril pour visiter l’Inde du Sud. Pendant notre été, les chaleurs sont souvent torrides. L’humidité est également très importante pendant la mousson, à partir de juin. L’idéal est de se rendre dans le Tamil Nadu après la mousson, après notre été, tout en sachant qu’il existe une mousson de fin d’année en octobre et novembre. La fin de la mousson est plus précoce dans le Kerala, soit en octobre, et l’on peut s’y rendre dès le mois de novembre. Côté budget, il faut savoir que l'Inde n'est pas un pays cher. On peut y voyager facilement en "routard". Les tarifs y sont souvent très concurrentiels au regard de la qualité du service, surtout dans les établissements haut-de-gamme. Pour le transport aérien, comptez à partir de 550 euros (3.600 FF) l'aller-retour Paris-Madras.
Les conseils de la rédactionL'Inde du Sud est une destination à part entière. Cette région, très différente du reste de l'Inde, est plus calme et pacifique que le Nord notamment, au point que l'on peut même la conseiller largement pour une première approche. De plus, le Kerala et le Tamil Nadu possèdent chacune leur culture propre et des paysages très différents. Les voyagistes proposent des circuits en groupe d'une quinzaine de jours combinant Kerala et Tamil Nadu, parfois avec Sri Lanka. Les circuits individuels ou autotours marchent également très bien et autorisent une grande liberté. L'Inde du Sud n'est pas une destination balnéaire mais on y trouve quelques plages agréables ; les voyagistes y proposent souvent le court séjour en fin de circuit.
On aimeEn Inde, on est toujours sidéré par l'approche mystique du monde. La curiosité n'y est jamais satisfaite, les mystères jamais élucidés, la fascination jamais assouvie. Même la cuisine indienne ne dévoile qu'au compte goutte ses piquants secrets…
On aime moinsVous pouvez éviter la visite d'
Auroville, près de Pondichéry. Cette pseudo-ville utopique créée il y a quarante ans, bâtie autour d'un lieu de prière en forme de sphère, ne présente qu'un intérêt très relatif.
Les infos pratiquesAucune compagnie aérienne ne propose des vols directs entre la France et l'Inde du sud. En revanche, il existe de nombreuses liaisons possibles avec escale(s). On peut citer Air India, Sri Lankan ou des compagnies du Golfe telles Emirates, Gulf Air et Qatar Airways, certaines d'entre-elles permettant d'arriver dans l'une des villes du sud de l'Inde et de repartir d'une autre (un "open jaw" dans le jargon professionnel).
Les guides à emporter. Le Guide du Routard sur l'Inde du Sud
. Le Lonely Planet Inde du Sud
. Le Guide Bleu Inde du Sud